EXCLU : « Patience », la virée en rollers de The Breakfast Club
Fondateur et ex-rédacteur en chef d'Arty Magazine, le grand manitou…
Quelque part entre la sensualité de Cigarettes After Sex et l’onirisme de Beach House, le duo The Breakfast Club nous offre la pop aux embruns mélancoliques de Patience.
Comment prendre le large quand la seule destination autorisée est notre écran d’ordinateur ? The Breakfast Club, duo prometteur formé par la chanteuse Léonie Young et le guitariste Julien Puyau, remédie à nos désirs d’évasion sous des cieux plus cléments avec la pop de Patience, extrait de l’EP Here we are sorti en mars 2020. Direction la côte néerlandaise battue par les vents pour une virée en rollers.
Le piaillement des mouettes, le souffle d’une pale d’éolienne et le roulement des rollers sur le tarmac. Les premières secondes de Patience sont une invitation au voyage dont on sentirait presque les embruns salés depuis Paris. Tandis que le titre imprègne notre écran en lettres stylisées d’un jaune vif, la guitare taciturne de Julien Puyau passe la première avec son gimmick mélancolique tenu en bout de jetée néerlandaise. Tout n’est que boucle et roulage à l’image de l’entêtant mantra chanté par Léonie Young « I know how to fall I can / handle the pain / Be patient, you said ». Agrémentée de synthés atmosphériques, la ballade tient d’un charme dépouillé que seul le vent du pays aux moulins pouvait porter.
Une balade dépouillée sous le vent néerlandais
Réalisé par Justine Pluvinage, le clip emboîte le pas d’une jeune femme en rollers interprétée par Ophélie Billebeau. La patineuse du macadam nous offre un ride imperturbable, parfois ralentie par des coulées de sable, souvent lancée à pleine vitesse sur une autoroute de goudron, en quête d’une destination mystérieuse. Réinterprétation humanisée et hésitante du clip de Chet Faker Gold par Hiro Murai, on assiste à la transformation étrange de l’actrice au gré des plans, portant par intermittence une plante vivace et multicolore en guise de coiffe. Comme pour la pop en clair-obscur de The Breakfast Club, c’est à travers la simplicité apparente des procédés que filtre la sensibilité du projet.
On risque de recroiser sous peu la route de The Breakfast Club. Le groupe a été sélectionné pour les auditions des iNOUïS du Printemps de Bourges 2021 qui se tiennent cette semaine.
Marin : Salut Léonie et Julien. Pouvez-vous me décrire ce qui vous entoure, depuis quel endroit me répondez-vous ?
The Breakfast Club : Salut Marin ! On t’écrit de Lille, on vient de se faire un café, on voit le jardin par la fenêtre et Julien est en train de faire un tiramisu au spéculoos pour fêter la sortie du clip.
M. : Patience est extrait de votre EP Here We Are sorti en mars 2020. Que s’est-il passé pour vous depuis ?
T.B.C. : Depuis la sortie de l’EP, on a annulé des concerts un peu comme tout le monde, mais aussi on a passé pas mal de temps à Dunkerque aux 4Ecluses, une salle de concert et des gens qu’on aime beaucoup, qui nous accompagnent depuis la rentrée. On y a écrit des nouveaux morceaux et bossé un nouveau set qu’on a joué hier pour les Auditions des Inouïs du Printemps de Bourges. D’ailleurs, ces morceaux se trouveront bientôt sur un nouvel EP qui se profile pour la fin d’année ! Et puis on a aussi tourné une session live à L’Aéronef à Lille avec le morceau Dear Ghost qui sera sur le prochain EP
M. : J’ai été très touché par la sincérité désarmante de cette virée en rollers. Quelle en était l’intention avec la réalisatrice Justine Pluvinage ?
T.B.C. : Justine Pluvinage pose un regard tendre et d’une intense finesse sur les gens dans son travail vidéo et c’est pour ça qu’on a eu envie de travailler avec elle. La dimension de ritournelle lancinante du morceau Patience lui a donné envie de travailler un motif qui se répèterait plutôt qu’une véritable narration. Elle s’est concentrée sur les sensations, les textures, la lumière, laissant une histoire énigmatique se dessiner. Son intention était aussi de créer un personnage oscillant entre le réel et l’imaginaire, une figure incarnant la patience plutôt qu’une personne réelle. Le sable et les déséquilibres qui perturbent le parcours rendent sa traversée belle et très touchante.
M. : Et maintenant, qu’est-ce que je peux vous souhaiter pour la suite ?
T.B.C. : Retrouver le public et la belle énergie des concerts, et que Julien réussisse son tiramisu (rires).