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Netflix : On a vu « The Irishman » de Martin Scorsese avec Robert de Niro et Joe Pesci

Netflix : On a vu « The Irishman » de Martin Scorsese avec Robert de Niro et Joe Pesci

Amélie Delamotte

Vingt-quatre longues années se sont écoulées depuis que Martin Scorsese, Robert De Niro et Joe Pesci avaient partagé l’affiche de Casino. En 2019, ils sont (enfin) de retour avec une autre pointure : Al Pacino. Les 3h30 de The Irishman tiennent-elles les promesses de cette réunion au sommet ?

Petit point contexte. Le film, inspiré du livre J’ai tué Jimmy Hoffa (I heard you paint houses) de Charles Brandt, retrace, du point de vue des gangsters, l’une des morts les plus mystérieuses du XXème siècle (tu l’as compris, celle de Jimmy Hoffa). Tout cela, en étant immergé dans le milieu des arnaqueurs, tueurs à gages et autres gangsters notoires de l’époque.

Frank Sheeran (Robert De Niro), avec le recul des années et la vieillesse pointant, nous raconte son histoire. Ce petit arnaqueur, propulsé au rang de tueur à gages avant de côtoyer les plus hautes sphères du crime organisé, nous fait part avec beaucoup d’honnêteté de son ascension au sein de la mafia italienne après la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis.

The Irishman raconte l’ascension de Frank Sheeran, de ses débuts en tant que petit arnaqueur à son ascension dans le crime organisé

Dans la mafia italienne de l’après-guerre

La force du regard de Martin Scorsese et de Robert De Niro sur ce récit réside, étonnamment, dans leur âge respectif. À plus de 70 ans, ils avouent eux-mêmes voir les choses d’un œil différent. Ainsi, on ne suit pas une histoire classique de gangsters à la Mean Streets (1973), symbole de la vision de Marty jeune réalisateur, on est dans un long-métrage avec beaucoup plus de recul, et c’est exactement ce qu’il fallait pour raconter une histoire aussi dense. Surtout, on ressent davantage l’émotion véhiculée par le récit de Frank Sheeran. Au-delà de la vie de gangster, chargée en adrénaline et en sex-appeal, il y a la vie de l’homme. Et qu’en reste-il une fois sa gloire passée ?

Aux côtés de Frank Sheeran, son mentor Russell Bufalino (Joe Pesci), que l’on surnomme Quiet Don, est à la tête d’un vaste réseau criminel camouflé. Il est celui qui ouvre les portes du milieu à Frank. Bufalino fait de lui son protégé, avant de le laisser voler de ses propres ailes en compagnie de Jimmy Hoffa (Al Pacino), dernière pièce maîtresse de ce trio central. À la tête d’un syndicat de conducteurs routiers américains (Teamsters), ‘l’homme politique est également au cœur de nombreuses controverses. Jimmy est un homme fidèle à ses principes, passionné par sa cause, qui a hissé son organisation au plus haut niveau.

Le défaut de la qualité de Jimmy Hoffa tient dans sa force de caractère qui a forgé sa réussite, mais lui attire progressivement le courroux de son clan. Les familles se connaissent et se côtoient, et si les filles de Frank ne sont pas particulièrement proches de Russell, elles apprécient beaucoup Jimmy, peut-être même plus qu’elles n’apprécient leur propre père. Les liens entre les trois hommes sont poreux et l’affect prend une place de plus en plus importante. Il aurait fallu leur dire qu’il n’y a pas de place pour les sentiments dans la mafia…

Frank Sheeran (Robert De Niro) est à la fois le garde du corps et le confident de Jimmy Hoffa (Al Pacino)

Aucun bâillement recensé en 3H30 de film

La réalisation est soignée, fluide et efficace. Des touches d’humour parfaitement distillées tout au long du film : on n’en attendait pas moins du maître Scorsese. Les scènes de vie tout comme les scènes d’actions sont brutes, honnêtes et par conséquent, intenses et immersives. Le scénario fonctionne également à merveille. Aux côtés de Frank on découvre progressivement ce monde caché, ses codes et ses limites, mais également ses rouages. On se surprend à participer mentalement à cette partie d’échec qu’est l’ascension au pouvoir, en se questionnant sur la stratégie et les intentions de chacun.

Certains diront que 3h30 peut sembler rebutant. Mais l’immersion est telle qu’on ne voit pas le temps passer : la durée s’avère nécessaire pour s’identifier aux personnages, avant de se laisser submerger par le flot d’émotions que procure le film. Pour preuve, durant la projection, aucun bâillement ni départ recensés, et personne n’a quitté la salle indemne. The Irishman est un film dense, aussi bien dans son fond que sa forme. Scorsese et De Niro l’avouent eux-mêmes, après avoir lu le livre de Charles Brandt, la différence entre aujourd’hui et il y a 24 ans, c’est le recul des années. Pour cette raison, il est évident que The Irishman demande également un certain temps de digestion pour être entièrement assimilé.

La force de The Irishman réside, au-delà de son casting de rêve, dans le regard qu’il porte sur la mafia. Loin des codes habituels du genre, le film se démarque en offrant un nouveau point de vue plus humain et plus poignant, parce que finalement plus imprégné par le recul du temps.

THE IRISHMAN
Réalisé par Martin Scorsese
Avec Robert de Niro, Joe Pesci, Al Pacino
Disponible sur Netflix

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