« Yasuke » est disponible sur Netflix : La promesse est-elle tenue ?
Il mène sa vie une manette à la main, absorbant…
Le nouvel anime tant attendu, Yasuke, est disponible sur Netflix depuis le 29 avril. Que vaut cette plongée dans le Japon pré-Edo en 6 épisodes ?
L’arrivée de Yasuke sur Netflix cristallisait les attentes d’une partie des connaisseurs d’anime, pour qui le studio MAPPA signifiait travail de grande qualité. À l’œuvre sur la quatrième et dernière saison de Shingeki no Kyojin (L’Attaque des Titans en version française) qui n’a pas que fédéré les critiques, le studio japonais a tout de même été loué pour l’animation fluide et excitée de l’adaptation, signature de la série.
L’univers de Yasuke se situant bien loin des murs Rose et Maria, le studio n’a ici pas vraiment opté pour une stratégie d’animation agressive, et l’ensemble ressemble plus à une série comme Samurai Champloo : jolie, les traits nets, quelques plans colorés se rapprochant de l’aquarelle, mais dans tout de même relativement simple et sans grande révolution visuelle. Attention, la série reste très agréable à regarder – on est juste très loin des sensations promises par L’Attaque des titans.
Donjons, dragons et samouraïs
Pour toi qui attendais une série historique sur un samouraï noir (nommé Eusebio Ibrahimo Baloi dans la série), adieu rêves du Japon féodal, de la prise de pouvoir de Nobunaga, de l’instauration du Shôgunat Tokugawa. Prenant majoritairement place une année avant la bataille décisive de Sekigahara, Yasuke nous entraîne dans un Japon fantastique, peuplé de magie, de robots géants et de mutants lycanthropes. Certes, les rares passages de flashbacks sur les affrontements avec Hanzô et le seppuku de Nobunaga ont bien eu lieu (probablement pas exactement comme ça, on s’entend), mais cela représente une infime partie de l’ensemble.
Une fois totalement accepté le côté fantasy de l’anime, qui était dès le début du développement un choix conscient et voulu du showrunner, nous te conseillerons de le regarder en version japonaise. En effet, ayant regardé la série en anglais, il est étrange de constater que sur la totalité des personages présentés, seuls deux doubleurs emploient un accent considéré asiatique. Un choix qui peut s’expliquer par une volonté d’ouvrir Yasuke à un public américain conséquent, à la rigueur – mais à ce moment-là, pourquoi donner un accent à deux personnages particuliers ? D’où le problème principal du projet : la série semble perpétuellement naviguer entre deux eaux, ne sachant pas si elle doit à tout prix respecter la culture japonaise (on aura rarement vu un plus mauvais emploi du terme « daimyo ») ou prendre toute liberté narrative nécessaire à son épanouissement personnel et son accessibilité.
Un peu gluant, mais divertissant
Tu l’auras compris, Yasuke est un anime divertissant en soi, parce que parfois violent et tout de même ancré dans une certaine représentation de la Voie du samouraï, mais c’est bien tout ce qu’il pourra te proposer. Certaines scènes à la limite de l’absurde (peut-on vraiment créer des enfants plus intellectuellement limités ?), fantastiques ou pas, nous font regretter la direction prise par LeSean Thomas, qu’on avait connu plus inspiré. On préférera chaque fois un rerun de Samurai Champloo pour l’ambiance « Japon du 16ème siècle » ou la pépite Dorohedoro pour la violence et les bains de sang – tous deux également disponibles sur Netflix.
Ni la bande originale de Flying Lotus ni l’implication de LaKeith Stanfield comme producteur n’y feront malheureusement grand chose, grande, grande est notre déception sur cette première saison de Yasuke (ce n’est d’ailleurs pas certain qu’on jette un œil aux suivantes, somme toute). Netflix ou d’autres plateformes (ADN, Crunchyroll) regorgent de chefs d’oeuvre animés, japonais ou occidentaux. On ne t’en voudra pas de tenter ta chance avec Yasuke, mais on te conseillera quand même d’aller faire un tour ailleurs.